dimanche 20 novembre 2016

NDDL : stages d'auto-défense et lignes de tracteurs, la résistance s'organise



Source :  Le Nouvel Obs
 
Démonstration de force des "Tracteurs vigilants" organisées par Copains 44 le 10 novembre à Notre-Dame-des-Landes (DAMIEN MEYER / AFP)

NDDL : stages d'auto-défense et lignes de tracteurs, la résistance s'organiseAprès la décision du tribunal administratif de Nantes de valider les arrêtés autorisant le démarrage des travaux, les opposants sont plus que jamais prêts à faire face à une tentative d'évacuation de la ZAD.


"Pour nous, le message est clair : c'est aucun travaux !", prévient Julien Durand, porte-parole de l'Acipa, association anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes, "que ce soit juridiquement ou par la présence humaine, nous ferons tout pour les empêcher". La mobilisation est remontée d'un cran après l'annonce de la décision, lundi, de la cour administrative de Nantes.
A la surprise générale, les juges ont validé les arrêtés autorisant le démarrage du chantier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Une surprise puisque Christine Piltant, rapporteur public, avait recommandé début novembre l'annulation de quatre arrêtés préfectoraux dits "loi sur l'eau" et espèces protégées". L'avis du rapporteur public est généralement suivi par la justice administrative mais, cette fois, ça n'a pas été le cas.
Pour les opposants au projet d'aéroport qui espéraient un coup d'arrêt du chantier, il s'agit d'un sérieux revers même si, comme l'affirme l'association Acipa, "cette décision n'entame en rien la légitimité de notre combat face à la destruction du vivant et à la marchandisation du monde".
Le mouvement anti-aéroport se prépare à entrer en résistance et annonce dans un communiqué qu'"il ne laissera place à aucun début de travaux ni d'expulsion sur la ZAD (zone d'aménagement différé renommée zone à défendre par les opposants)".

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Le fiasco de l'opération César dans tous les esprits

Du côté du gouvernement, Manuel Valls a répété mardi que le chantier débuterait "dès que possible" mais le Premier ministre est resté flou sur le calendrier. Les autorités veulent en effet tout faire pour éviter que se répète le fiasco de l'opération César en 2012.
Cette tentative musclée d'évacuation de la ZAD s'était soldée par un blessé grave du côté de la police et 200 blessés plus ou moins graves du côté des manifestants. Lancée par un certain Manuel Valls - alors ministre de l'Intérieur -, qui jugeait "hors de question de laisser un kyste s'organiser" – l'opération avait finalement abouti à un vaste mouvement de mobilisation de soutien sur le site.
Notre-Dame-des-Landes : "C'est la guerre ici"
Cette fois, pour limiter l'affrontement, il ne serait pas question d'expulsion ou de destruction globales de la ZAD. Le gouvernement prévoit ainsi une première phase de "travaux préparatoires", déplacement d'espèces protégées, construction de ronds-points et protection du site. Mais les opposants ont déjà prévenu, pour eux, "il n'y a aucune différence entre expulsion et début des travaux". Ils appellent à des "réactions immédiates et massives".
"S'ils viennent, ce sera dur et long. Le gouvernement se retrouverait alors confronté à plusieurs mois de guérilla", prévient Julien Durand qui se dit prêt à affronter les envies d'un Premier ministre qui chercherait à renforcer son aura politique autour de l'autorité et de la sécurité :
"Depuis deux ans, on voit le degré de répression des forces de l'ordre qui est monté d'un cran, mais nous sommes préparés."
Comment les opposants comptent-ils protéger la zone ? "On ne va certainement pas dévoiler maintenant ce qui est prévu", signifie Julien Durand qui se limite à rappeler les grandes lignes et précise que "tout le monde est mobilisé". Pour le moment, les organisateurs ne veulent rien laisser filtrer des différents plans envisagés, ni des barrages ou protections prévus pour bloquer l'avancée des forces de l'ordre.

Les comités de soutien

La mobilisation passe d'abord par les comités de soutien, plus d'une centaine à travers la France. De Quimper à Morlaix, de Lille à Strasbourg ou de Bordeaux à Lyon, tous les comités locaux sont prêts à se rassembler le jour même en cas d'intervention des forces de l'ordre sur la ZAD. Des manifestations devant les "lieux de pouvoir" dans les régions mais aussi des convois pour venir gonfler les forces présentes sur place.
"En 2012, personne n'était préparé à l'opération César. Aujourd'hui, tout le monde est vigilant", insiste un membre d'un comité breton basé à Lorient : "Et mon sac est déjà prêt pour partir rejoindre les autres sur place."
Julien Durand, lui, est persuadé que le mouvement peut dépasser le seul cadre des opposants au projet d'aéroport :
"Il  y a en France de plus en plus de gens révoltés par ce qui se passe. Beaucoup viendront à Notre-Dame-des-Landes pour exprimer un ras-le-bol général bien plus large."

Les tracteurs vigilants

Avec le collectif d'agriculteurs Copains 44, les paysans opposés au projet font régulièrement la démonstration spectaculaire des forces en présence.
Notre-Dame-des-Landes : le retour en force des paysans
Jeudi dernier encore, les "tracteurs vigilants" se sont exercés à la défense de la ZAD. Les organisateurs affirment que 150 tracteurs étaient présents. Les engins ont encerclé la ferme de Sylvain Fresneau, un agriculteur de la ZAD, militant de la première heure, pour la protéger.
Avec les tracteurs, les paysans ont apporté des bottes de paille et des rondins de bois pour édifier des "lignes de défenses" sur le site. De quoi freiner l'avancée des pelleteuses.

Les formations à l'auto-défense

Pendant cinq week-ends, autour du mois de septembre, les opposants ont organisé des formations à l'auto-défense pour renforcer la résistance. Plusieurs centaines de personnes ont participé à ces sessions.
L'objectif était d'apprendre à mener des actions en sécurité, avec quelques principes de base comme "ne pas être seul" ou "connaître ses droits".
Au programme : résister aux forces de l'ordre, se protéger des flashballs et des lacrymogènes, préparer des actions, se déplacer sans bruit, se former aux premiers secours... Le tout couronné par une course d'orientation géante à travers le bocage.
Président LR de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau a qualifié ces formations "Prêt-e-s à défendre la ZAD" de "camps d'entraînement anti-flics". Inquiet face à "cette école de la violence à ciel ouvert", il avait alors demandé à Bernard Cazeneuve de les interdire. Mais à quel titre interdire l'organisation d'une course en forêt ?

Une logistique bien rodée

Sur la ZAD, toutes les équipes se sont organisées. Selon les occupants, quelque 300 personnes vivent actuellement sur le site. Les différents lieux de vie se sont coordonnés à l'échelle du mouvement, avec les cantines, la bibliothèque, la radio, les antennes médicales...
Des espaces d'accueils sont mis en place, à l'intérieur et à l'extérieur de la ZAD pour le couchage des opposants qui vont rejoindre Notre-Dame-des-Landes en cas de début des travaux. L'occasion aussi de construire des hangars pour stocker du matériel et de la nourriture.

Tenir sur la durée

L'opération César a déjà prouvé la possibilité d'un enlisement :
"En 2012, personne n'imaginait qu'on allait tenir aussi longtemps. Et personne n'imaginait que cela se terminerait par un départ de la police en avril 2013. Nous avons vécu six mois sous occupation", rappelle Julien Durand
Sur place, en régions, la résistance est prête. Tous ceux qui étaient déjà présents en 2012 savent que les journées qui s'annoncent seront difficiles et épuisantes. Chacun se dit pourtant préparé à tenir sur la durée, heureux presque de revivre une expérience collective, avec toutes les contraintes et toute la richesse qu'implique un mouvement autogéré. Avec un mot d'ordre : "Préparons ensemble l'après projet !"

Louis Morice

Lire aussi à ce propos l'appel de Hubert Reeves contre la construction de l'aéroport.  diffusé sur ce blog.

Merci de le diffuser largement l'appel dans vos réseaux pour contribuer à ce que ce projet inutile pharaonique ne voit pas le jour !

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