dimanche 8 novembre 2015

L’Eurogroupe hésite à verser les 2 milliards promis à Athènes

Source : Les Echos

Le Parlement grec a voté un deuxième train de mesures qui ne répond pas à toutes les exigences des créanciers. Les réformes vont cependant dans le bon sens.

Le Parlement grec a voté dans la nuit de jeudi à vendredi dernier la deuxième vague des mesures prioritaires exigées par les Européens en échange du déblocage de 2 milliards d’euros d’aides. Mais il n’est pas sûr du tout que les ministres des Finances de l’Eurogroupe, qui se réunissent lundi à Bruxelles, se contenteront du contenu de cette loi omnibus qui laisse de côté la plupart des points clefs attendus à Bruxelles.
Le texte voté à une courte majorité par les députés grecs (153 sur 300) supprime tout de même les avantages fiscaux des agriculteurs en faisant d’eux des contribuables comme les autres, améliore le calcul des retraites, oblige la Grèce à respecter les règles européennes en matière d’efficacité énergétique et lève les obstacles à la privatisation du plus grand port du pays.
Mais le gouvernement d’Aléxis Tsípras n’a pas encore apporté de réponses aux questions les plus urgentes posées par le commissaire européen Pierre Moscovici lors de sa visite à Athènes, la semaine dernière. Le sujet du durcissement des conditions de saisie des résidences principales des ménages endettés – qui doit alléger le poids des créances douteuses des banques – est toujours en suspens.
Athènes semble prêt à ravaler ses prétentions en acceptant que les saisies puissent intervenir sur des biens immobiliers d’une valeur supérieure à 180.000 euros, ce qui protégerait encore 6 petits propriétaires sur 10. Les créanciers voulaient, eux, permettre l’expropriation dès le seuil de 120.000 euros. Mais les discussions sont toujours en cours.
L’autre chantier non résolu concerne le passage à 23 % de la TVA sur les frais de scolarité dans les écoles privées. Le gouvernement Tsípras, qui refuse de taxer l’école privée, aimerait compenser les 300 millions d’euros attendus de cet impôt par une taxe sur le Kino (un genre de Loto très prisé en Grèce). Le ministre des Finances prétend que cela pourrait rapporter jusqu’à 500 millions d’euros et se dit prêt à faire voter la mesure pendant le week-end, mais la décision nécessite, elle aussi, le feu vert des créanciers.

Climat de confiance

A Bruxelles, on reste donc prudent. : «  L’expérience montre que les mesures votées en Grèce ces dernières années apparaissent satisfaisantes au premier abord mais ont en réalité souvent besoin d’être affinées », selon un proche des discussions. Une réunion du groupe de travail de l’Eurogroupe (l’« euro working group »), initialement prévue vendredi soir, a été annulée, pour laisser le temps aux équipes européennes de passer au peigne fin les dispositions votées à Athènes afin d’en avoir une meilleure compréhension et de déterminer si elles suffisent.
Pour autant, l’attitude de l’Eurogroupe ne se fondera pas exclusivement sur une lecture technique de ces législations. « Le but est surtout que les Grecs continuent à prendre des mesures », résume le même observateur, qui conclut qu’il ne faut « surtout pas que cette dynamique de réformes s’interrompe ». A
lors qu’après des débuts chaotiques, un climat de relative confiance a fini par s’instaurer entre Aléxis Tsípras et ses partenaires, les ministres des Finances de l’Eurogroupe vont surtout devoir trouver le bon dosage entre pression pour continuer les réformes et attitude compréhensive face à un Premier ministre qui doit également gérer une équation politique interne complexe et une crise des réfugiés très déstabilisante.
Catherine Chatignoux
Gabriel Grésillon

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