mercredi 21 octobre 2015

Conférence sociale: Hollande brandit le bâton pour réformer le droit du travail

Source : L'Humanité
 
C'est « la réforme ou la rupture » a lancé le président de la république à l'occasion de la conférence sociale. François Hollande a annoncé une réforme du droit du social, sans la mettre à l'ordre du jour des négociations.
Le message du président est clair : une réforme du droit du travail est en préparation et sera présentée par la ministre Myriam El Khomri début 2016, mais le sujet n'est pas à l'ordre du jour des négociations.
Car selon François Hollande, sur le sujet, "le statu quo n'est plus possible". "L'alternative, c'est la réforme ou la rupture. La rénovation du modèle social ou sa disparition". Et la réforme évoquée, c'est celle du code du travail. "Il ne s'agit évidemment pas de toucher au principe du Code du travail, à la durée légale du travail, au Smic, au contrat de travail. (...) Notre législation du travail est devenue, avec le temps, illisible (...) Il y aura donc une clarification du code du travail, elle sera lancée sans tarder et le Premier ministre en précisera la méthode et le calendrier."
François Hollande a tenté de minimiser l'annonce, en assurant ne pas toucher au salaire minimum ou aux 35 heures. Cela reste une attaque contre la CGT, qui voulait, à l'inverse, poser sur la table des négociations une augmentation des salaires comme un passage aux 32 heures. C'est du fait de l'absence de ces grandes thématiques à l'ordre du jour que la CGT a préféré ne pas participer. Cette conférence est axée sur trois thèmes plus consensuels : le numérique, le compte personnel d'activité et la conférence climat COP21.
Le chef de l'Etat s'en est à ce propos pris au premier syndicat de France : "il est commode de ne jamais s'engager à signer le moindre accord en espérant que d'autres le feront à leur place". Mais que négocier lorsque le sujet n'est même pas à l'ordre du jour et que François Hollande martèle : c'est « la réforme ou la rupture ? »
Pour François Hollande, "l'objectif n'est pas d'inverser la hiérarchie des normes mais de faire que ce soit les employeurs et les salariés", via leurs représentants, qui "déterminent d'un commun accord les solutions les meilleures pour leur entreprise".  Estimant que "jamais les sujets de négociations n'ont été aussi nombreux", il a estimé possible d'"anticiper sur les mouvements du numérique sans faire disparaître les droits essentiels de protection du salarié". Sur le front de l'emploi, le chef de l'Etat a pris "l'engagement" que, d'ici la fin de son quinquennat, "chaque demandeur d'emploi se verra proposer une formation".

« on est au bout du dialogue social »

Présente mais très critique, la secrétaire générale de la FSU, Bernadette Groison, a estimé qu'aujourd'hui "on est au bout de l'exercice du dialogue social".  Laurent Berger, de la CFDT s'est dit aussi "très préoccupé" par le "climat ambiant".  "Nous vivons dans un moment où l'outrance est la condition pour se faire entendre" a-t-il regretté en appelant à "l'apaisement".
Les seuls satisfaits ? Le patronat. Le président du Medef, Pierre Gattaz, a salué une nouvelle fois le Pacte de responsabilité, et a proposé à François Hollande un "agenda" partagé "pour la croissance et l'emploi".  Son homologue de la CGPME, François Asselin, approuve la direction et a appelé à de "vraies réformes structurelles". Les dires de Jean-Claude Mailly ce lundi matin se voient confirmés : le seul dialogue social aujourd'hui a lieu "entre le Medef et le gouvernement".
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT dans l'Humanité de ce lundi : "il est temps d’arrêter de faire plaisir au patronat et de s’occuper de la situation des salariés. Depuis plusieurs mois, la CGT propose d’inscrire leurs préoccupations à l’ordre du jour de cette conférence sociale avec la question des salaires et du temps de travail, notamment. Le gouvernement n’en a pas tenu compte. Dans le même temps, en première partie du programme, nous sommes invités à écouter des experts, souvent patronaux, sans pouvoir véritablement donner notre avis. Le gouvernement affirme que l’on pourra s’exprimer puisqu’une réunion informelle est prévue avec le président de la République. Une heure de réunion officieuse, huit organisations syndicales dont cinq de salariés et trois patronales. Le dialogue n’existe pas. Enfin, il y a la situation sociale. Air France et tout le reste. Plutôt que de s’intéresser au sort des possibles 3 000 licenciés, le gouvernement traite les salariés qui combattent ce plan de restructuration de « voyous ». Trop c’est trop." L'intégralité de l'entretien.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire