jeudi 6 août 2015

CONSTRUIRE SA MAISON SOI-MÊME DES FONDATIONS AUX FINITIONS

Source: Les Permaculteurs

Remerciements :
à Paule et à Roger, pour leur aide, leur science et leur soutien,
à Francis pour ses tuyaux sur les tuyaux, à Lahoussine, à Zarah,
à Tristan, pour leurs sacrés coups de main et les parties de rigolade,
à Christian qui n’est plus là, à Leïla, à Jean-Charles, aux deux Matthieu,
à Fanny, à Nelly et à Karine, à Emmanuelle, à Corinne, la reine des joints,
à Babeth, à Sylvie, à Laurence, à Doris et Anna, à Stéphane, à Alain, à Odile
et à ceux du SEL en Durance…
qui ont mis, ne serait-ce que pour un jour, la main à la pâte

INTRODUCTION

Ce livre est un guide pratique accessible à tous, fondé sur notre expérience et sur les nombreuses informations que nous avons glanées auprès de gens du métier pendant 3 ans. Ce n’est pas une « bible » de la construction ni un ouvrage technique pour des spécialistes. Il a pour but de donner confiance aux gens qui veulent se lancer dans l’aventure de l’auto­construction.
Ce livre est là pour prouver que construire sa maison soi- même est tout à fait possible, depuis la conception jusqu’aux derniers petits détails de décoration,en passant par les fonda­tions, les murs, le toit, l’électricité, la plomberie, etc. Nous l’avons fait, ce n’est pas du tout notre métier, et beaucoup d’autres l’ont fait avant nous. Notre maison est finie, confor­table… elle n’a pas de fuite et elle résiste au Mistral !
Pour répondre aux besoins de ceux qui n’ont jamais touché une truelle, ces pages contiennent de nombreux conseils concrets et précis qui sont peut-être totalement inutiles pour ceux qui ont déjà de l’expérience.Vous les sauterez s’ils ne vous concernent pas.
D’autre part nous n’envisageons pas toutes les possibilités de construction. Il faudrait des milliers de pages.Vous trouverez ici la description de toutes les étapes de la réalisation d’une maison pour laquelle nous avons fait des choix de matériaux, de techniques, d’or­ganisation, de style, qui ne seront pas forcément toujours les vôtres.
Par exemple, nous avons utilisé de grosses briques monomur, des enduits à la chaux, des huisseries en bois. Pour le toit, nous n’avons pas posé les fermettes que l’on rencontre très souvent de nos jours sur les chantiers, mais des poutres rondes appuyées sur des murs porteurs à pignons.A l’intérieur,la volige est apparente.Ainsi de suite. C’est la construction de cette maison qui est décrite ici. Pour une grande part, les informations sont communes à toute construction. Mais vos propres choix vous amèneront aussi,certainement,à cher­cher ailleurs les compléments d’information dont vous aurez besoin.
Dans certains cas, vous trouverez des renvois à des sites ou à des livres intéressants et clairs sur des techniques que nous n’avons pas eu à appliquer nous-mêmes ou des matériaux que nous n’avons pas utilisés.Vous trouverez aussi une bibliographie à la fin du livre.
Et maintenant, quelques idées en vrac, à méditer :
  • Au moment de la conception, lorsqu’il s’agit seulement d’avoir de bonnes idées, le risque est de se lancer dans une construction pharaonique. Ensuite, il faut réaliser tout cela. Et parfois, on a du mal à tenir la route jusqu’au bout.Il vaut mieux finir une maison de propor­tions et de conception raisonnables que de ne jamais pouvoir habiter un palace toujours en chantier.
  • A partir de maintenant vous allez devenir une véritable éponge à informations.Vous parlerez beaucoup, avec vos amis, ceux qui ont déjà fait des travaux, avec les livreurs et vendeurs de matériaux, etc. Les gens seront toujours intéressés par votre projet et prêts à donner des tuyaux,des conseils, parfois de l’aide. Recoupez les avis, acceptez toujours la possibilité de modifier vos idées initiales, mais n’écoutez pas forcément le dernier qui se prononce ou celui qui parle le plus fort.
  • Pendant la durée du chantier, on n’a pas le temps ou on refuse de se reposer parfois, physiquement et psychologiquement. Or, faire une pause de trois jours peut vous redonner du courage et un enthou­siasme tout neuf qui vous feront largement rattraper le temps supposé perdu.
  • Il est important de se projeter quelques semaines en avant dans le chantier. Pour mieux prévoir l’enchaînement des livraisons et des travaux, ne pas vous retrouver à court de ciment ou de briques, ne pas avoir à défaire et refaire parce que vous n’avez pas assez réfléchi, ne pas avoir à prendre de décision importante dans la précipitation, etc.
  • Prévoir large pour les quantités, surtout au début quand vous ne connaissez pas parfaitement les besoins, est un bon pari : les marchands de matériaux reprennent sans problème ce qui reste si ce n’est pas abîmé et rien n’est plus agaçant que d’être bloqué en plein élan par la pénurie de sable ou de gaine électrique. De plus vous ferez des économies de temps et d’argent si vous évitez de revenir interminablement dans les magasins pour 10 tire-fond ou un sac de ciment prompt.
Après une étude comparative des prix,de la qualité et de la dispo­nibilité des produits, entre les différents fournisseurs locaux, il est préférable d’ouvrir un compte dans un magasin de matériaux.Vous obtiendrez des remises et des conditions favorables de livraison ou de reprise du matériel.
  • Soyez toujours « trop » prudents.Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d’histoires qu’on va vous raconter sur le copain d’Untel qui s’est cassé le dos en tombant de son toit ou sur le beau-frère qui s’est entaillé la chaussure à la meuleuse. « C’était moins une. Il a eu drôlement chaud ».
La prudence passe par le fait d’avoir un chantier propre et orga­nisé, où les outils sont rangés quand on ne s’en sert plus, où l’on met de côté les clous et les bouts de ferrailles au lieu de les laisser à terre,où l’on empile les choses correctement,où l’on sécurise les échafaudages, où l’on ne travaille pas avec des vêtements flottants qui peuvent se coincer dans la scie sauteuse, où les machines sont nettoyées, abritées, révisées si nécessaire, etc. Bref, la prudence, c’est toujours ennuyeux comme tout,et il est bien difficile de rester prudent jusqu’à la fin du chantier, mais…
  • Pensez aux voisins s’il y en a et à l’environnement : ne brûlez pas les sacs de ciments (ils sont doublés de plastique), ne laissez pas les emballages, les morceaux de polystyrène, les bouts de scotch orange vif, les tronçons de gaine rouge ou verte, voler au vent et fleurir tout le quartier. Évitez aussi de faire tourner la bétonnière ou la meuleuse le dimanche à 7 heures du matin.
  • Faites le point sur le budget assez régulièrement : on a vite fait de se laisser déborder. Cela passe par un budget prévisionnel au départ, par une comparaison régulière avec le budget réel et par une révision du budget prévisionnel pour la suite.

1.LE CHOIX DU TERRAIN

L’orientation
On pense toujours qu’un terrain plein Sud est la meilleure orien­tation. Encore faut-il savoir quelle est sa vue, quel est le climat de la région et comment on va pouvoir y implanter la maison. Un grande baie vitrée plein Sud en Provence au mois d’août transforme la maison en four solaire.Il faut aussi tenir compte du vent dominant, par exemple pour éviter de tourner vers lui l’ouverture d’un hangar.
Les accès
Vérifier leur taille : la loi SRU impose des largeurs minimales.Vous risquez de ne pas obtenir de permis si votre chemin est moins large. Attention aussi à la nature du sol : un chemin d’argile se transforme en patinoire à la première pluie. Le gravier fin sur une pente raide se retrouve au pied de la pente dès la fin du premier hiver.
A qui appartient le chemin d’accès ? A la commune, à vous, à un voisin avec une servitude pour vous ? Dans le dernier cas, vérifiez la réalité et les conditions de la servitude à la mairie ou chez le notaire local : par exemple, qui doit entretenir le chemin ?
Enfin, pensez à la période des travaux : une toupie de béton ou un camion de poutres avec une remorque vont-ils pouvoir arriver jusque sur le terrain et tourner sans risque de se renverser ou de faire écrouler le talus, sans arracher toutes les branches des arbres centenaires, etc. ?
La viabilisation
Où se trouvent les points les plus proches de raccordement à l’eau, à l’électricité, au téléphone, aux égouts s’il y en a ? Faire planter des poteaux électriques coûte cher. Les poteaux de téléphone sont gratuits mais si vous voulez enterrer les câbles, c’est payant et onéreux. L’ensemble, si les points de raccordements ne sont pas immédiatement à proxi­mité, peut très rapidement faire augmenter le prix du terrain. Attention aussi aux formulations : on trouve parfois des annonces portant la mention « viabilités à proximité » ou « viabilités en bordure ». Mais si le terrain est une longue pointe et que la viabi­lisation se trouve exactement à l’opposé de l’endroit où vous pourrez implanter la maison, le problème de distance reste entier.
Les particularités géologiques
La nature du sol a une importance évidente. Un sol argileux impo­sera un épandage très long et coûteux après la fosse septique. Un sol friable peut vous obliger à édifier des fondations profondes ou à couler des piliers de consolidation. Enfin si vous construisez sur du roc, les fondations seront solides mais l’implantation de la fosse septique et le creusement des canalisations d’adduction et d’éva­cuation coûtera cher.
De toute façon,vous devez compter une étude géologique de votre terrain dans votre budget, si vous n’êtes pas situé à proximité d’une zone urbaine (coût approximatif, mais se renseigner car variable selon les régions :800 euros).L’étude hydrogéologique peut être couplée avec le plan d’évacuation des eaux usées. Elle servira aussi à révéler d’éventuelles zones inondables sur le terrain.
Les limites de constructibilité
Il existe des zones « non edificandi » (où rien ne doit être cons­truit) par rapport aux chemins, routes, limites de terrain, etc. Ces zones sont variables selon la région et la nature des voiries.Vous pouvez par exemple devoir implanter votre maison à plus de 10 m du centre d’un chemin rural ou à plus de 4 m de la limite entre votre terrain et celui du voisin. Vérifiez donc que cela ne vous empêche pas de placer la bâtisse où vous l’envisagez ou de l’orienter comme vous le voulez. C’est à la mairie que vous obtiendrez tous les renseignements.
Les POS et COS du terrain et de ses environs
Le POS (plan d’occupation des sols) détermine les zones construc­tibles de la commune. Il est consultable à la mairie. Certaines zones sont totalement inconstructibles de façon durable, comme les « zones de montagne ». D’autres sont constructibles sous conditions parti­culières, comme la taille minimale du terrain pour y édifier une maison.
Le COS (coefficient d’occupation des sols) détermine la taille maxi­male de la construction par rapport à la surface du terrain. Si le COS est de 0,5, par exemple, vous ne pourrez construire une maison de 150 m2 que si votre terrain fait un minimum de 300 m2.
Les règles locales
Si vous êtes situés dans une zone sismique, vous devrez respecter certaines règles dans la construction,comme d’entourer chaque ouver­ture de la maison de poteaux en béton armé. Ces règles sont dispo­nibles en mairie.
La proximité d’un bâtiment ou d’un village classé vous obligera à soumettre votre plan et le choix des matériaux et des couleurs, la taille des ouvertures, la forme du toit, etc. aux « Bâtiments de France », ce qui retardera l’obtention du permis et vous imposera des contraintes esthétiques particulières.
Dans certaines régions, il existe des règles liées à la protection contre l’incendie.Vous pouvez par exemple être obligés de construire une piscine ou de défricher dans un rayon de 80 m autour de la maison. Pour la plupart des informations, se renseigner à la mairie et/ou à la DDE.
Une remarque importante : ne concluez le contrat d’achat d’un terrain qu’avec la clause suspensive d’obtention du permis de construire. Ainsi vous ne risquez aucune surprise désagréable et si, pour une raison ou pour une autre,vous n’obtenez pas le permis, la vente est annulée.

2.L’EVALUATION DU BUDGET

A titre de simple indication, la maison de 120 m2 que nous avons construite, en utilisant des briques monomur, des tuiles anciennes, des poutres en cèdre et en douglas, des carreaux de terre cuite au sol, et en n’installant pas d’autre chauffage qu’un gros poêle à bois, nous est revenue à 75 000 euros tout compris, avec l’achat des outils, la viabilisation, l’installation de la fosse septique et de l’épan­dage. La construction de la remise de 56 m2 est comprise dans ce prix. Elle est couverte des mêmes tuiles anciennes et enduite comme la maison, mais les murs sont en parpaings, ce qui coûte, en gros 1/2 du prix des briques. L’achat du terrain n’est pas compris.
Liste des postes à prendre en compte dans le budget
  • Achat du terrain (incluant les taxes et les frais de notaire + l’éven­tuelle commission d’agence immobilière). Remarque : Le bornage du terrain est obligatoire et il est à la charge du vendeur. Le géomètre vous remettra un plan que vous utiliserez pour la demande de permis de construire.
  • Viabilisation.
  • Frais de dépôt de permis.
  • Taxes locales à la construction (se renseigner : elles peuvent être importantes et constituer une très mauvaise surprise. En général elles sont étalées sur 2 ans).
  • Passage du consuel pour la vérification de l’installation électrique (100 euros en 2003).
  • Outils et matériel de base (bétonnière,meuleuse,échafaudage,scie électrique,perceuse,etc.+ planches de coffrage,madriers de maçon). Voir la liste exhaustive et le rôle spécifique des outils et du maté­riel au chapitre 6. Outil p. 22.
  • Intervention d’un terrassier pour le creusement des fouilles, la tran­chée de viabilisation et l’installation de la fosse septique et de l’épan­dage.
  • Matériaux pour le gros œuvre : briques ou parpaings, liant (ciment ou chaux), sable, béton pour les fondations et les dalles, fer à béton pour les fondations, les poteaux, les linteaux et les dalles, poutres, chevrons, volige, isolation du toit, couverture.
  • Huisseries : fenêtres, portes, volets + vitrage, éventuellement double.
  • Isolation thermique intérieure (sauf en cas de briques monomur).
  • Matériel pour les cloisons intérieures.
  • Matériel électrique (gaines, fils, interrupteurs, prises, tableau, fusi­bles, terre, disjoncteurs, etc.).
  • Matériel de plomberie et appareils sanitaires (douche et ou baignoire, lavabo,WC, évier, cumulus).
  • Chaudière, radiateurs,ou poêle + matériel d’installation en cas de chauffage par le sol, par exemple, ou de géothermie ou chauffage solaire.
  • Carrelages et parquets.
  • Peinture et enduits.
  • Terrassement autour de la maison à la fin des travaux.
  • Et festin de pendaison de la crémaillère avec tous ceux qui vous ont soutenus ou aidés !
Comment procéder à l’évaluation ?
Commencez par lister le plus exhaustivement possible les outils, matériaux et interventions dont vous allez avoir besoin, en vous aidant de la liste ci-dessus,en imaginant chronologiquement toutes les étapes de la construction que vous envisagez,en discutant avec un marchand de matériaux. Puis demandez des devis à plusieurs fournisseurs et comparez. Revenez vers ceux qui vous paraissent les plus intéres­sants (prix, proximité, grand éventail de produits, etc.) et négociez. Vos deux arguments majeurs : « J’ai obtenu tel prix pour tel et tel matériau chez un concurrent »(restez raisonnables sinon vous ne serez pas crédibles) ; « Si vous me faites des conditions intéressantes je prendrai tout chez vous ».
Les avis sont partagés sur l’attitude à avoir. Personnellement, j’ai préféré dire carrément que je ne connaissais rien mais que je me renseignais beaucoup et tout le temps. Qu’on pouvait donc facile­ment me « rouler dans la farine », mais qu’au moment où je m’en apercevrais ce serait rédhibitoire. Cela m’a permis d’attirer plutôt la sympathie que le mépris (on passe facilement pour un imbécile quand on fait semblant de savoir ce qu’on ignore). Cela m’a aussi permis, finalement, d’obtenir des prix raisonnables et de précieux conseils en prime.
Quelques exemples de prix
Les prix ci-dessous sont donnés à titre purement indicatif, juste pour vous permettre de vous faire une idée approximative si vous êtes pour le moment complètement étrangers à l’univers de la construc­tion. Les prix peuvent varier dans le temps et selon la région et les quantités commandées. Par exemple,au moment où nous avons cons­truit la maison, le prix du fer était relativement raisonnable. Deux ans après, il avait quasiment doublé à cause de la fermeture des derniers fabricants français et de l’obligation pour les fournisseurs de s’ap­provisionner à l’étranger. Or c’est incroyable ce qu’il peut y avoir comme fer dans une maison en briques !
Vous trouverez à la page suivante des exemples de prix négociés en Provence (une région généralement chère), en 2002/2003. Les prix sont donnés en euros, hors taxes, hors livraison.
prix maison materiaux

3.LES PLANS

Il est permis de réaliser le plan soi-même sans passer par un archi­tecte si l’on ne dépasse pas la surface de 170 m2 et si la maison est de plain pied.Vous pouvez même aller consulter gratuitement l’ar­chitecte-conseil de la DDE quand vous avez fini le plan, juste pour vérifier qu’il n’y a pas de problème.
Demandez aussi à la mairie s’il existe un document résumant les conditions à remplir pour obtenir un permis dans la commune. Cela peut vous éviter de recevoir un refus pour une bêtise. J’en parle avec certitude : c’est ce qui nous est arrivé. Il est interdit, dans la commune où nous avons construit, de réaliser une remise dans des matériaux différents de la maison elle-même. Or nous pensions la faire en bois ! Refus, deuxième dépôt de la demande après trans­formation des plans, nouvelle attente… Nous avons perdu 2 mois.
Comment concevoir le plan ?
Lorsqu’on construit sa maison, cela procure la chance de pouvoir le faire en pensant à sa propre façon de vivre et à la circulation que ce mode de vie induit dans les différents espaces. Si vous avez un fils génie de la batterie, il peut être judicieux de placer sa chambre loin des espaces de vie du reste de la famille. Si vous avez une vie sociale active, un espace ouvert où la cuisine peut se faire tout en continuant la conversation est une option intéressante.Autant de particularités de votre mode de vie autant d’idées à intégrer dans votre plan.
D’autre part si vous n’êtes vraiment pas des maçons à la base,mieux vaut peut-être concevoir un plan simple qu’un projet très compliqué avec pigeonnier intégré et patio intérieur.Toutes les ruptures de toit, par exemple, sont des occasions de fuites.Toutes les excentricités sont des complications. Bien sûr personne ne veut vivre dans un bunker, mais il y a des solutions pour animer une maison, même si elle a un plan simple.
Limites imposées
En dehors des contraintes locales éventuelles citées au chapitre 1, il faut tenir compte des règles liées au climat, en particulier le degré de pente du toit. Dans les régions de neige, on privilégie les pentes raides pour éviter que le poids ne vienne à bout de la charpente. Dans les régions de plaine, la pente s’adoucit, avec un minimum à respecter de toute façon : 25 %.
Ce que doivent indiquer les plans
Pour un permis de construire,vous devez présenter un plan de posi­tionnement de la maison sur la parcelle, un plan des fondations, un plan au sol, une coupe et un plan de chaque façade.Tous ces plans doivent être faits à l’échelle (1/500 pour les plans de situation et 1/100 pour les autres) et être orientés.
Réaliser ces plans peut prendre du temps, ne serait-ce que pour le calcul de toutes les mesures. Si vous maîtrisez un logiciel de mise en page ou un logiciel d’architecte,vous ferez du travail très propre. Sinon, vous pouvez aussi utiliser le bon vieux papier millimétré, le calque et l’encre de Chine.
Le plan de positionnement est à faire sur une copie du plan délivré par le géomètre. Il doit bien sûr être à l’échelle (en général 1/500), et doit clairement montrer les zones de « non edificandi », le projet de fosse septique et d’épandage s’il y en a un, les arrivées d’eau et d’électricité. Le projet d’épandage peut être réalisé à part, directement par l’hydrogéologue.Voir un exemple p.15.
Le plan des fondations montre les murs porteurs,à l’échelle 1/100. Il est entièrement coté.Voir un exemple p.16.
Le plan au sc , lui aussi au 1/100, doit montrer l’emplacement et l’épaisseur des murs et des cloisons, ainsi que l’emplacement des ouvertures extérieures et intérieures,avec indication de la zone d’ou­verture des portes. Il doit préciser l’usage des pièces (cuisine, chambre, etc.).Tout doit être coté.Voir un exemple p.17.
La coupe est destinée à montrer le profil du ou des toit(s), les ouvertures transversales, les décrochements de niveau éventuels. Voir un exemple p.18.
Le plan des façades montre l’aspect extérieur. Il est coté et orienté. Il s’agit bien d’un plan et pas d’un dessin en perspective. Voir un exemple p.18.
S’il y a des bâtiments annexes, ils doivent également faire l’objet de plans et figurer sur le plan de positionnement.
Attention : il faut compter l’épaisseur du mortier dans le calcul de la hauteur des murs (1 à 1,5 cm entre deux rangs de parpaings ou de briques), sinon cela peut fausser les calculs d’une bonne dizaine de centimètres pour un mur de 10 rangs, par exemple. De même, compter l’épaisseur des murs et des cloisons dans le calcul de la largeur et de la longueur des pièces et de la maison entière.
Un dernier point : pas de panique. Une erreur de 10 ou 15 cm dans le calcul de la hauteur globale de la maison ne vous fera pas refuser la conformité en fin de parcours. Mais mieux vaut essayer d’être le plus précis possible dès le départ parce qu’on peut de toute façon avoir des surprises ensuite.
Le plan de la toiture
Le plan de toiture n’est pas demandé pour l’obtention du permis, mais il est recommandé de le faire pour pouvoir commander la bonne longueur de poutres, de chevrons, de volige, le bon nombre de tuiles, etc. Ce plan vous sera aussi nécessaire au moment de cons­truire vos pignons et d’y réserver l’emplacement des poutres avec précision.Ainsi,au moment de la livraison, les poutres pourront être déposées à la grue, directement à leur place définitive, ce qui est évidemment la solution la plus simple.Aucune erreur n’est possible à ce moment-là ! Mieux vaut avoir réétudié votre plan avant.
Faire ce plan est plus compliqué que de réaliser le plan au sol. En effet, pour un profane et pour quelqu’un qui a un peu oublié le théo­rème de Pythagore,calculer la pente du toit,sa surface et la longueur des chevrons demande quelques révisions !
La pente du toit
Elle se calcule en pourcentage. Le minimum autorisé en France est de 25 %, sauf pour les toits-terrasses. 25 %, cela signifie qu’il y a un écart de 25 cm de hauteur entre deux points situés à 1 m de distance calculé à plat. Si vous êtes dans une région de montagne, la pente sera plus raide. Renseignez-vous sur les habitudes de la région.
Construire Sa Maison Soi Memejpg_Page14_Image1
Envisageons un cas concret : vous savez, par exemple, que la pente de votre futur toit doit être de 30 % au minimum, que la hauteur minimale de votre mur est de 2,60 m, et que la largeur totale de la maison est prévue à 8 m. (On dirait un problème de robinets ! Ça rappelle de vieux souvenirs).
Vous voulez par exemple que le sommet du toit se trouve exacte­ment au milieu de la largeur de la maison : en 4 m (moitié de la largeur totale), le mur gagnera 4 x 30 cm, soit 1,20 m en tout et le sommet sera à 2,60 m + 1,20 m = 3,80 m, ce qui fait une maison très basse.
Si vous voulez que le sommet du toit monte plus haut, vous serez obligés de le décaler.Ainsi, pour qu’il arrive à 4,5 m, par exemple, le calcul est le suivant :
450 cm – 260 cm = 190 cm (pour savoir quelle hauteur sépare le sommet du mur et le sommet du pignon).
190 cm divisés par 30 cm = 6,3 (pour savoir combien de mètres sont nécessaires pour gagner cette hauteur, avec une pente de 30 %).
Le sommet du toit sera donc à 6,33 du bord de la maison. Il ne reste plus qu’1,66 m de large pour le deuxième côté, ce qui est vraiment peu et imposera une pente très raide pour le deuxième versant du toit. On peut calculer cette pente de la façon suivante :
On a toujours 190 cm d’écart entre le point le plus haut du pignon et le sommet du mur.
Et on gagne ces 190 cm sur une distance de seulement 1,66 m. Ce qui signifie que sur une distance de 1 m, avec cette pente, on gagne :
190 cm divisés par 1,66 = ll4.Vous aurez une pente de 114 % :un vrai vertige ! C’est impossible.
Vous devrez donc soit accepter de faire un pignon moins haut, soit élargir la maison, soit faire monter l’un des deux murs beaucoup plus haut et faire une mezzanine à l’intérieur.
Les croquis de la p. 14 présentent deux solutions, parmi bien d’au­tres possibles.
Construire Sa Maison Soi Memejpg_Page15_Image3
Le calcul des longueurs
En revanche si vous n’êtes pas emballés par les calculs, vous pouvez sauter ce paragraphe :il existe une solution plus concrète.Vous pourrez mesurer vos distances une fois les murs montés et faire la commande des chevrons et de la volige à ce moment-là : vous perdrez un peu de temps en attendant la livraison, c’est tout.
Calculer la longueur d’un chevron revient à calculer l’hypothénuse d’un triangle rectangle dont vous connaissez les deux côtés opposés.
Construire Sa Maison Soi Memejpg_Page15_Image4
Voilà pourquoi vous aurez besoin du bon vieux théorème de Pythagore : a2 = b2 + c2, qui permet de calculer l’hypothénuse.
Si b = 2,5 m et c = 6 m, le calcul se fait ainsi : b2 = 2,5 x 2,5 = 6,25 et c2 = 6 x 6 = 36 b2 + c2 = 6,25 + 36 = 42,25
Comme a2 = b2 + c2, a2 = 42,25
a = racine carrée de 42,25 = 6,5 m.
Vous pouvez aussi, maintenant, calculer la surface de votre toit puisque vous disposez des mesures de sa longueur et de sa largeur.
plan maison bornage
plans fondation
plan au sol
plan en coupe

4. L’obtention du permis

Le dossier complet
La mairie dispose souvent d’un exemple type de dossier de permis de construire. D’une façon générale, le dossier doit comprendre, en plus des plans cités au chapitre précédent,
• un plan de situation du terrain dans la commune (1/12500) et un extrait cadastral (1/2500), tous deux fournis par le géomètre,
• un extrait du contrat de vente stipulant les clauses d’accès et de servitude s’il y a lieu,
• un dessin montrant l’implantation de la future construction dans le paysage. Les nouvelles technologies peuvent vous aider énormément pour ce dernier document. Il suffit de scanner une photo, de la dimensionner grosso modo à l’échelle 1/100 et d’y superposer votre plan de façade avant de colorer le tout.
Si vous n’avez pas d’égout à proximité et si vous avez besoin d’installer une fosse septique, on vous demandera l’étude hydrogéologique, le plan de réalisation du système d’assainissement complet et l’obtention du permis sera soumise à l’accord préalable du SIVOM (organisme gérant la question des déchets pour la commune) sur votre projet d’assainissement.
Les délais
Il faut compter entre 2 et 3 mois entre la date de dépôt et la réception de l’avis. Si vous recevez un refus, ne tardez pas à modifier le permis en fonction des remarques,à moins qu’elles ne vous posent de sérieux problèmes,et déposez une nouvelle demande le plus rapidement possible parce que cela peut de nouveau prendre 2 à 3 mois. Dans la mesure du possible,mieux vaut éviter les périodes de fêtes ou de vacances : tout est paralysé parfois pendant 3 semaines !
Après l’obtention du permis
A partir de l’obtention du permis, vous avez 36 mois pour réaliser la maison…où en tout cas tout ce qui se voit de l’extérieur,car l’employé de la DDE qui viendra vérifier la conformité au moment de l’achèvement des travaux n’a pas le droit d’entrer dans la maison. Sachez aussi que la garantie décennale, que doit fournir tout constructeur professionnel s’applique aussi à vous :si vous voulez vendre la maison, dans un délai inférieur à 10 ans après l’obtention de la conformité, vous devrez signer un papier garantissant à l’acheteur que vous paierez les frais ou ferez les réparations en cas de problèmes importants (fuites en toiture, fissures des murs, etc.).

5. Organiser le chantier

Maîtriser le temps et l’espace
La phase des fondations est assez stressante car, en plus d’être le début du chantier et un moment clé de la construction, elle vous oblige d’entrée de jeu à gérer correctement le temps et l’espace. Gérer le temps pour que les rendez-vous s’enchaînent parfaitement et que le chantier soit chaque fois prêt à recevoir l’intervention extérieure (creusement par le terrassier, livraison des fers à béton, livraison du béton).
Gérer l’espace pour que,par exemple,les encombrants fers à béton n’aient pas été déposés dans le passage de la pelle mécanique lorsqu’elle tournera pour creuser les fouilles,ou pour que les énormes tas de terre qui vont sortir ne vous gênent pas pendant tout le reste du chantier pour placer la bétonnière,stocker les palettes de briques ou simplement permettre aux livreurs de manœuvrer.
Vous aurez ainsi à gérer le temps et l’espace pendant au moins toute la période du gros œuvre. Pour éviter les ennuis, une seule solution :anticiper toujours par la pensée sur la suite des événements.Et puis, aussi,faites-vous une raison :même si vous étudiez les choses « au petit poil », vous ferez certainement quand même pas mal de manutention !
Eau, électricité et stockage
Il est très difficile de commencer un chantier sans eau et électricité. Faites les démarches dès la signature définitive car cela peut prendre du temps.Or vous aurez besoin de la meuleuse dès le début pour couper les fers à béton et ce ne sera pas facile de nettoyer les règles et les râteaux pleins de béton… sans eau. Si vraiment les services « compétents » se montrent particulièrement incompétents,vous avez toujours la solution du très long tuyau et de la très longue rallonge, si les voisins sont sympathiques et si vous n’êtes pas en rase campagne. Il y a aussi la possibilité de louer un groupe électrogène, mais cela fait des frais et de la manutention en plus. Autre point à régler dès le début : le stockage des outils et des matériaux à l’abri des intempéries et du vol. Pour les outils de valeur,l’idéal est une cabane de chantier métallique avec un cadenas, ou une vieille caravane dont vous aurez condamné les fenêtres.Pour les matériaux, rien ne vaut les bâches de camion. Elles sont gigantesques, increvables, et on en trouve d’occasion à des prix raisonnables.Vous pourrez en couper de grands morceaux pour couvrir le sable, le ciment ou la chaux, les sacs de colle et de joint, etc.
Couvrir les sacs de liant va de soi et les légères bâches de plastique livrées par les marchands de matériaux se déchirent tout de suite. S’il gèle, elles se cassent en mille morceaux qui se mettent à voler sur le chantier et aux alentours.
Texte Sylvia Dorance Photos Zaïna Ben Ali

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