lundi 29 juin 2015

La Ville de Rouen ferme ses douches municipales, une lettre ouverte et une manifestation

Les douches municipales de Rouen (Seine-Maritime) étaient l’un des derniers établissements publics de ce genre encore en service. Elles fermeront définitivement, mardi 30 juin 2015




La baisse de la fréquentation était la principale raison invoquée par Caroline Dutarte, adjointe chargée des solidarités, de la politique de la ville et de l’insertion, à la Ville de Rouen (Seine-Maritime). « Une moyenne de seize personnes utilisent ce service au quotidien », expliquait-elle à Normandie-actu. La douche coûte 0,50 cts d’euro pour un maximum de 45 minutes, 1 euro avec du savon et le prêt d’une serviette, à l’usager. Certains bénéficient également de bons de douche gratuits, auprès du Centre communal d’action sociale (CCAS). Or, pour la Ville, une douche coûterait 20 euros, en matière d’équipement et de personnel. Trop, en période de crise.

Une manifestation devant la mairie

Deux agents municipaux y travaillaient. Après la fermeture, l’une d’entre elles partira en retraite, l’autre sera reclassée dans un autre service de la Ville. La décision a été prise l’hiver dernier, lors d’un conseil municipal, mi-décembre. Les douches municipales de Rouen fermeront définitivement, mardi 30 juin 2015, à 12h.
  • Un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Rouen est prévu le lundi 29 juin, à 17h30, à l’initiative du Collectif 76 des salariés du social et médico-social.
Cette décision avait animé les réseaux sociaux. Ces douches (une vingtaine de cabines) sont situées non loin de l’Hôtel de Ville, rue Orbe, et sont fréquentées en majorité par des personnes précaires. Une page Facebook “Non à la fermeture des douches municipales de Rouen” avait même été lancée.

Une lettre ouverte signée par plusieurs associations

La délégation régionale de Médecins du Monde demande de son côté, dans une lettre ouverte (co-signée par une dizaine d’associations : Médecins du Monde, Emmaüs Rouen, le CAARUD de la Boussole, le Collectif Bidonville dans la Ville, les Restos du Cœur, le DAL, le Collectif 76, le Secours populaire français, la Cimade, Habitat et Humanisme, le CERASIH) « à ce que le droit à l’accès à l’eau et à l’hygiène pour tous soit respecté. Car les douches municipales, les toilettes publiques, les fontaines à eau sont des services essentiels et constituent un déterminant de la santé majeur pour les populations, et notamment les personnes les plus vulnérables ».
Ce que dit la lettre adressée au maire PS de Rouen, Yvon Robert :
« Monsieur le Maire,
Nous sommes des associations de Rouen militantes et engagées auprès des personnes les plus vulnérables. Nous réitérons notre demande à ce que l’accès à l’eau et à l’hygiène demeure une priorité de santé publique pour la Ville de Rouen, tout comme un moyen de lutter contre les discriminations.
Médecins du Monde (MdM) a été reçu à ce sujet par madame Baucher le jeudi 16 avril, et sera reçu par madame Dutartre, le jeudi 4 juin. Outre cette mobilisation de MdM, c’est dorénavant en tant qu’associations rassemblées que nous souhaitons vous interpeller sur la décision en date du 17 décembre 2014 de fermeture des douches municipales, et travailler avec vous, et vos adjointes concernées, à d’autres alternatives possibles. Fort de nos constats terrains, nous alertons sur les besoins grandissants d’accès à l’eau et à l’hygiène des personnes les plus vulnérables. La mauvaise hygiène est un facteur d’exclusion supplémentaire, tant socialement que professionnellement. Avec la crise, les bains-douches ont retrouvé une véritable utilité sociale, auprès d’un public varié, personnes précaires, gens de la rue, personnes âgées isolées, personnes à mobilité réduite, touristes etc.
Cette mixité sociale est importante et permet de lutter contre les discriminations. Nous rappelons que la loi du 7 février 2011 renforce “la solidarité des communes dans le domaine de l’alimentation en eau et de l’assainissement des personnes en situation de précarité résidant en France, sans discrimination entre les usagers, qu’ils soient abonnés directs ou non des services de l’eau et de l’assainissement”. Aussi, à l’instar du guide des élus locaux de bonnes pratiques pour favoriser l’accès à l’eau et à l’assainissement pour les plus démunis publié en 2012 par le gouvernement, nous avons entamé en inter-associatif une réflexion sur ce que pourrait être un nouveau projet de douches municipales sur la Ville de Rouen.
Voici quelques-unes de nos propositions : un multi-accueil adapté aux différents besoins et favorisant la mixité sociale la gratuité pour les personnes les plus précaires une nouvelle gestion des douches municipales redonnant une place à leurs usagers un travail coordonné par l’atelier santé ville permettant la diffusion d’un message de promotion de la santé et de l’hygiène. Aussi, nous souhaiterions partager avec vous et vos équipes ces réflexions afin de construire ensemble un nouveau projet pour un accès à l’eau et à l’hygiène pour tous sur la Ville de Rouen ».
Créées à la fin du XIXe siècle, les douches municipales étaient à l’origine mises à la disposition des usagers qui ne disposaient pas de l’eau courante dans leur logement. Rouen était une des rares villes en France à les avoir conservées.


Le collectif de travailleurs sociaux occupe toujours les douches municipales de Rouen


Le ton se durcit du côté de la rue Orbe, à Rouen où les travailleurs sociaux du Collectif 76 occupent toujours les douches municipales.
La mairie de Rouen devait fermer cet établissement public ce mardi à 12 h 30, considérant les frais d’entretien et de personnel trop élevés (150 000 €/an) au regard de sa fréquentation. Une décision prise en décembre au moment de décider de coupes sévères dans le budget municipal, conséquence, notamment, de la perte de 3 millions d’euros de subventions de l’État.
Lundi en fin de journée, le Collectif 76 associé à des militants de Droit au logement et des bénévoles de Médecins du monde a donc manifesté contre cette fermeture aux portes des douches municipales rouennaises.
Adjointe au maire en charge des affaires sociales, Caroline Dutarte est venue à la rencontre des manifestants, avançant l’argument économique et l’austérité en vigueur à la Ville de Rouen. Elle leur a confirmé qu’une réflexion était en cours pour pallier la fermeture des douches publiques et envisager une solution pour les usagers les plus démunis. La proposition n’a pas satisfait le Collectif 76 qui s’est installé pour la nuit et, ce mardi à 12 h 30, réuni en assemblée générale, a voté la poursuite de ce mouvement. Une rencontre avec les représentants de la Ville est cependant prévue dans l’après-midi.

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