dimanche 29 mars 2015

INEDIT DEFILE D’AUTEURS EN COLERE AU SALON DU LIVRE

Signalé sur le site de la FILPAC CGT

dimanche 22 mars 2015

Romanciers, essayistes, illustrateurs, dramaturges, scénaristes ou encore traducteurs : entre 200 et 300 auteurs ont défilé samedi 21 mars à Paris dans les allées du Salon du livre afin d’alerter l’opinion sur les menaces qui pèsent sur leur métier. Jamais en 34 ans d’existence le traditionnel rendez-vous du monde de l’édition n’avait été le théâtre d’une telle manifestation. Organisée par le Conseil permanent des écrivains (CPE) – qui regroupe 17 syndicats et associations d’auteurs – celle-ci fait suite à une lettre ouverte rendue publique cette semaine, signée à ce jour par plus de 1700 personnes et titrée : « A ceux qui oublient qu’il faut des auteurs pour faire des livres ». Il est 15 heures quand le cortège se met en branle dans le hall 1 de la Porte de Versailles. Un peu à l’image de la marche des auteurs de bande dessinée ayant eu lieu fin janvier en marge du Festival d’Angoulême, on sent que la corporation n’a pas vraiment l’habitude de battre le pavé, fût-il comme ici recouvert de moquette. Un slogan unique est scandé par les manifestants regroupés derrière une banderole trop petite : « Pas d’auteurs, pas de livres ».
Quelques romanciers connus ont répondu présent, comme Camille Laurens, François Taillandier, Isabelle Lévy, Pierrette Fleutiaux, Céline Minard ou Dominique Fabre.
Entre les craintes que font naître les réformes sociales en cours, celles qui entourent la question des droits d’auteur au plan européen et la baisse générale des revenus associés à l’écriture, la profession ne manque pas de motifs de contestation, comme l’a ensuite souligné au micro la présidente du CPE, Valentine Goby, Prix des libraires 2014 avec Kinderzimmer (Actes Sud). « Les auteurs de livres sont clairement en danger, et la création artistique avec », a-t-elle asséné.

Les auteurs touchent un euro par livre vendu
L’un des déclencheurs de la gronde est un projet d’augmentation de cotisation de retraite complémentaire lancé en mai 2014. Obligatoire à partir de l’an prochain, celle-ci ponctionnerait les auteurs de l’équivalent d’un mois de salaire. Dans un contexte de précarisation accentué des professions de plume, la mesure n’est pas sans inquiéter.
D’après le « Baromètre des relations entre auteurs et éditeurs » que vient de publier la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) et la Société des gens de lettres (SGDL) auprès de 1 800 personnes, 69 % des auteurs percevraient ainsi moins de 10 % de droits d’auteurs et 19 % d’entre eux seraient même rémunérés à un taux inférieur à 5 % du prix public de vente (ils étaient 15 % en 2013). « Pourquoi la part la plus maigre de toute la chaîne éditoriale revient-elle aux auteurs ? », a lancé Valentine Goby en rappelant qu’un euro par livre vendu - « soit à peine le prix d’une baguette » - était en moyenne reversé à celui ou celle qui l’a écrit.
Partie prenante des négociations avec les ministères de la culture et des affaires sociales, le CPE a formulé plusieurs propositions afin de rééquilibrer une situation qu’il estime très défavorable pour les créateurs. Parmi celle-ci : des prélèvements sur les ventes relatives aux œuvres appartenant au domaine public, ou encore une taxe sur le marché des livres d’occasion.
Mais ce qui inquiète la profession est le projet d’harmonisation au plan européen du droit d’auteur. Un récent rapport de l’eurodéputée allemande Julia Reda (Parti des pirates) préconisant de rendre obligatoires toutes les exceptions au droit d’auteur au sein de l’Union a mis le feu aux poudres dans les milieux littéraires français. Idem de la récente décision de la Cour de justice européenne d’ordonner à la France de faire passer la TVA sur les livres numériques de 5,5 à 20 %. « Un livre numérique est aussi un livre », a rappelé Valentine Goby dans un concert de crécelles et d’applaudissements auquel le lieu n’est pas vraiment habitué.

Frédéric Potet, Le Monde

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