jeudi 22 janvier 2015

Espagne : pour votre sécurité, merci de garder la bouche fermée


C'est un Parti populaire bien seul qui a adopté ce 11 décembre la Loi organique de sécurité citoyenne au Parlement espagnol, raconte El País, "face à tous les autres groupes parlementaires, qui la voient comme une 'loi baillon' et considèrent qu'elle enfreint des libertés fondamentales".Une loi née dans la chaleur des manifestationsDans un objectif proclamé de protection des citoyens, cette loi limite le droit de manifester et prévoit des amendes pour les participants à des manifestations non-autorisées. Aini, se réunir ou manifester, sans autorisation, dans des installations publiques relève de la catégorie des fautes "très graves", passibles d'une amende allant de 30 001 à 600 000 euros. La loi introduit également une sanction pour tout "manque de respect et de 
considération" vis-à-vis des forces de l'ordre, qui ne serait pas 
suffisant pour constituer une infraction pénale, et interdit par exemple
 de filmer des violences policières contre des manifestants. Le gouvernement de Mariano Rajoy a déposé ce projet de loi il y a un an. Et, s'il a été édulcoré, il continue de susciter l'indignation. Il doit désormais passer par le Sénat, avant d'entrer en vigueur. Le Diario de León, replace cette loi dans son contexte : la crise économique et son cortège de mesures d'austérité ont donné lieu à d'importantes mobilisations. Il ne fait aucun doute, écrit le quotidien régional, que cette loi est "née dans la chaleur des manifestations", et qu'elle vise à les limiter. Ainsi, poursuit-il, "en 2007, l'année avant la crise, on a recensé 4 527 regroupements [...]. En 2013, ce chiffre a grimpé vertigineusement jusqu'à atteintre 43 170", soit dix fois plus, "sans compter les manifestations qui n'ont pas été recensées".Reconduites à la frontièreVanity Fair Espagne relève 15 choses qui vont disparaître. Il n'y aura, par exemple, plus de campements. "Adieu au 15-M [mouvement des Indignés]. Les forces de sécurité pourront déloger 'immédiatement' l'occupation de la voie publique". Fini aussi les calicots hostiles au Premier ministre : désormais, "on ne pourra pas brandir de pancartes ou crier des consignes clairement hostiles ou vexatoires à l'égard de l'Espagne, des communautés autonomes ou de ses symboles et institutions".Enfin, est également prévue dans ce projet une norme destinée aux migrants qui pénètrent massivement dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur les côtes africaines. Elle autorise la police et la garde civile à les appréhender sitôt foulé le sol espagnol et à les remettre directement aux autorités marocaines. Cette pratique, appelée "renvois à chaud", est "expressément interdites jusqu'à présent", rappelle El País, car les migrants ont le droit d'introduire une demande d'asile et de consulter un avocat.
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"Pour votre sécurité, gardez la bouche fermée".
Sur le fascicule : "Loi de sécurité citoyenne".
C'est un Parti populaire bien seul qui a adopté ce 11 décembre la Loi organique de sécurité citoyenne au Parlement espagnol, raconte El País, "face à tous les autres groupes parlementaires, qui la voient comme une 'loi baillon' et considèrent qu'elle enfreint des libertés fondamentales".

Une loi née dans la chaleur des manifestations

Dans un objectif proclamé de protection des citoyens, cette loi limite le droit de manifester et prévoit des amendes pour les participants à des manifestations non-autorisées. Aini, se réunir ou manifester, sans autorisation, dans des installations publiques relève de la catégorie des fautes "très graves", passibles d'une amende allant de 30 001 à 600 000 euros. La loi introduit également une sanction pour tout "manque de respect et de considération" vis-à-vis des forces de l'ordre, qui ne serait pas suffisant pour constituer une infraction pénale, et interdit par exemple de filmer des violences policières contre des manifestants. Le gouvernement de Mariano Rajoy a déposé ce projet de loi il y a un an. Et, s'il a été édulcoré, il continue de susciter l'indignation. Il doit désormais passer par le Sénat, avant d'entrer en vigueur.

Le Diario de León, replace cette loi dans son contexte : la crise économique et son cortège de mesures d'austérité ont donné lieu à d'importantes mobilisations. Il ne fait aucun doute, écrit le quotidien régional, que cette loi est "née dans la chaleur des manifestations", et qu'elle vise à les limiter. Ainsi, poursuit-il, "en 2007, l'année avant la crise, on a recensé 4 527 regroupements [...]. En 2013, ce chiffre a grimpé vertigineusement jusqu'à atteintre 43 170", soit dix fois plus, "sans compter les manifestations qui n'ont pas été recensées".

Reconduites à la frontière


Vanity Fair Espagne relève 15 choses qui vont disparaître. Il n'y aura, par exemple, plus de campements. "Adieu au 15-M [mouvement des Indignés]. Les forces de sécurité pourront déloger 'immédiatement' l'occupation de la voie publique". Fini aussi les calicots hostiles au Premier ministre : désormais, "on ne pourra pas brandir de pancartes ou crier des consignes clairement hostiles ou vexatoires à l'égard de l'Espagne, des communautés autonomes ou de ses symboles et institutions".

Enfin, est également prévue dans ce projet une norme destinée aux migrants qui pénètrent massivement dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, sur les côtes africaines. Elle autorise la police et la garde civile à les appréhender sitôt foulé le sol espagnol et à les remettre directement aux autorités marocaines. Cette pratique, appelée "renvois à chaud", est "expressément interdites jusqu'à présent", rappelle El País, car les migrants ont le droit d'introduire une demande d'asile et de consulter un avocat.
Dessin de Kap

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