mercredi 19 novembre 2014

" Au nom de tous les miens " .

 Source : Regain 2012

" Généreux amis de la liberté, réunissez-vous, pour obtenir de la puissance publique une instruction qui rende la raison populaire ou craignez de perdre bientôt tout le fruit de vos efforts ", ( Condorcet, Cinq mémoires sur l'Instruction publique ) .
Condorcet vient de mourir pour la deuxième fois ! L'assassin - ancien enseignant, écrivain, scénariste, critique, accessoirement co-animateur d'émissions télévisées, aux côtés du géant de la pensée , Frédéric Beigbeder, palmé au Festival de Cannes, pour l'adaptation de son livre " Entre les murs "- porte le nom de François Bégaudeau .
Ses propos sur l'école, recueillis lors d'une interview au journal " Les Echos " du 07/11/2014, dégagent une odeur fétide, nauséabonde, ... ( http:/www.lesechos.fr/journal20141107/lec1 idees et débats ) .
En voici les termes, réponse donnée à la question suivante : quelle mesure audacieuse faudrait-il prendre en France, aujourd'hui ?
" Une mesure très pragmatique serait la suppression de l'école obligatoire, et son remplacement par un service d'éducation, non obligatoire, à partir de l'âge de huit ans . Jusqu'à cet âge, l'école a la vertu de soulager les femmes ... " .
Zemmour est enterré et peut être envoyé au Panthéon !
Décryptage : Il faut que toutes les " mères " restent à la maison pour s'occuper des enfants ou payent un précepteur ! A défaut d'école, la société propose un " service ... à la carte ", moyennant la mise en place, peut-être, du " chèque éducatif ", si cher aux ultra- libéraux ( et essayé, par G. W. Bush, à la Nouvelle-Orléans, après la catastrophe de l'ouragan Katrina, d'août 2005 ) : chacun aura-t-il les mêmes moyens pour faire le meilleur usage de son chèque ? On n'en a plus rien à foutre de ce que les enfants font à l'école : les professeurs de maternelle sont là pour faire du gardiennage . On apprend mieux ailleurs : mais quel est cet ailleurs pour les enfants des classes populaires ? La rue, ou mieux, l'usine - au nom de l'apprentissage précoce du métier - !
Ne nous ressortez pas le beau dicton africain : " Il faut un village pour éduquer un enfant ", qui est né dans une Afrique, alors sans aucune école, et autour du principe structurant de solidarité ; à qui pourriez-vous faire croire, aujourd'hui, qu'au Nord, les habitants de nos villes, sont prêts aux élans de générosité et d'esprit collectif, pour prendre en charge, en plus " de la chair de leur chair ", l'éducation des enfants des autres ?
Au passage, précisons, que la dernière livraison de la fameuse étude " Pisa " ( menée par l'OCDE ) sur l'efficacité des systèmes d'éducation, dans les pays riches, dont tous les médias et les partis se sont servi pour enfoncer l'école française, relève un point, dont chacun s'est bien gardé de parler : elle montre un avantage certain pour les enfants ayant participé à l'école préélémentaire pendant un an et plus, particulièrement en France .
Monsieur Bégaudeau ! Auriez-vous obtenu votre agrégation de Lettres Modernes dans une de ces écoles " sans professeurs " qui prolifèrent aux Etats-Unis, dans lesquelles, élèves et étudiants sont enfermés dans un dialogue unique avec leur ordinateur ?
Vous venez de rejoindre la " harde " de ces anciens enseignants qui ont un problème personnel à régler avec notre école, pas assez élitiste, les Finkielkraut, Dubet, Brighelli, Nemo . Vous venez de rejoindre l'idéologie ultra-libérale qui ne cesse de s'en prendre à l'institution scolaire et à sa bureaucratie inefficace et coûteuse pour " casser l'école publique " . Vous êtes en bonne compagnie !
Vous êtes le digne héritier d'Ivan Illich (1926-2002 ), ce penseur américano-autrichien de l'écologie politique, qui laissa sa réflexion se fourvoyer dans une dénonciation outrancière de l'école : " Dans le monde entier, l'école nuit à l'éducation parce qu'on la considère comme seule capable de s'en charger ... Le système scolaire obligatoire représente pour la plupart des hommes une entrave au droit à l'instruction ... ", ( Une société sans école, 1971 ) . La vraie traduction du titre, eût dû être : " Déscolarisons la société " .
Et pourquoi ? Selon Illich, l'école serait devenue une officine qui vend des programmes et où un distributeur-enseignant livre un produit fini aux consommateurs-élèves, selon le principe qu'un apprentissage serait une chose qui peut-être accumulée et mesurée .
Les millions d'heures de réflexions et concertation que des centaines de milliers d'enseignants ont consacrées au sens de leur mission, depuis plus d'un siècle, ce n'était que pour cela : réduire à l'esclavage les enfants des classes populaires .
L'école, rappelle Illich, a une histoire, cette institution aujourd'hui incontournable n'a pas toujours existé . Mais alors, notre avenir en est simplifié . Supprimons aujourd'hui tout ce qui n'existait pas hier, et nous aurons inventé un demain plus lumineux .
Trêve de plaisanterie . Vos propos insensés, M. Bégaudeau, avaient leur réponse, bien avant que vous ne les eussiez prononcés, dans le courage d'une jeune fille pakistanaise, affrontant la mort, pour revendiquer son droit à " aller à l'école " : Malala Yousafzai ( Prix Nobel de la paix, 2014 ) .
NB : source : article de la journaliste " Louise Tourret " ( Cher François Bégaudeau, j'ai rarement lu un truc aussi pourri sur l'école ), 13/11/2014 , www.slate.fr/story .
UNESCO .
UNESCO .

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