vendredi 18 octobre 2013

Hébergement et mal logement : Lettre ouverte du Collectif SDF 31 /DAL Toulouse / GPS

Source : Blog du GPS 
Toulouse, le 16 octobre 2013



A l’attention de :
Madame Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires sociales et de la Santé
Madame Cécile DUFLOT, Ministre de l'Egalité des territoires et du Logement
Monsieur Henri-Michel COMET, Préfet de la région Midi-Pyrénées
Madame Monique CAVALIER, Directrice de l'Agence Régionale de Santé 
Midi-Pyrénées
Monsieur Pierre COHEN, Maire de la ville de Toulouse
Monsieur Pierre IZARD, Président du conseil général de le Haute-Garonne
Monsieur Martin MALVY, Président du conseil régional Midi-Pyrénées


Depuis le 16 avril dernier, à la fin de l’accueil hivernal à Toulouse et 
partout en France, de nombreuses familles avec des enfants en bas âge se 
retrouvent à la rue. Face à cette situation, le Collectif SDF 31 le DAL 
(Droit Au Logement), et le GPS (Groupement Pour la défense du travail 
Social) se sont constitués en collectif pour venir en aide à ces 
familles. Ce collectif rassemble à la fois des militants, des 
travailleurs sociaux et des personnes et des familles sans abri.
Depuis la fin de l’hiver, nous avons réquisitionné plusieurs bâtiments 
publics pour y mettre à l’abri ces nombreuses familles dont le nombre ne 
cesse d’augmenter de manière exponentielle.
Mais là n’est pas notre seul objectif, nous revendiquons notre volonté 
que l’État assume ses responsabilités en matière d’hébergement, de droit 
au logement et plus largement l’accès aux droits les plus fondamentaux. 
Nous ne pouvons plus accepter que l’État ait une approche gestionnaire 
de la précarité prétextant le manque de moyens. Nous pensons fermement 
que créer des structures d’hébergement pérennes ouvertes toute l’année 
et en journée, avec des travailleurs sociaux qui auraient pour mission 
d’accompagner les personnes dans leurs démarches administratives et 
d’accès à leurs droits reviendrait à terme moins cher à l’État, donc à 
la Collectivité, qui aujourd’hui dépense des sommes astronomiques dans 
des nuitées d’hôtel qui profitent en grande partie à des marchands de 
sommeil.
Cette situation dure depuis bien trop longtemps, ce n’est pas faute 
d’avoir tiré la sonnette d’alarme puisque nous nous attendions à ce type 
de dérives et de conséquences désastreuses pour les familles et les 
personnes en situation de grande précarité. Les dispositifs sont 
saturés, plus de 93% des demandes d’hébergement en Haute-Garonne au 115 
n’ont pas de réponse favorable. En 2012 en Haute-Garonne, 27 personnes 
sont décédées des conséquences de leur vie à la rue.
Face à l’inertie des pouvoirs publics, nous n’avions qu’une seule 
solution: agir.
Nous n’avons cependant pas vocation à gérer ces lieux et pallier les 
carences de l’État, c’est à lui et aux Collectivités Territoriales de 
prendre leurs responsabilités. Nous tenons également à préciser que, au 
sein de ces réquisitions citoyennes, un travail sérieux est fait pour 
accompagner les personnes dans leurs démarches administratives: elles 
sont orientées dans le cadre du droit commun, en majorité vers le PAIO 
qui fait en sorte que les familles aient accès à leurs droits (santé, 
logement, domiciliation postale, droit au séjour, scolarité des 
enfants…), en lien avec les partenaires institutionnels et/ou associatifs.
Nous dénonçons également avec force la répression féroce ayant pour 
résultat l’expulsion systématique des bâtiments que nous 
réquisitionnons. Dans bien des cas la Préfecture n’a pas respecté la loi 
pour nous empêcher de défendre nos droits en utilisant les moyens 
juridiques et législatifs mis à notre disposition dans ce type de procédure.
Malgré l’augmentation de la capacité d’accueil d’hébergement, le nombre 
de personnes sans domicile fixe a doublé durant les années 2000. Si les 
logements sociaux, les hébergements, et les réquisitions d’État étaient 
suffisants, les réquisitions citoyennes ne seraient pas nécessaires.
Les familles et personnes concernées par les réquisitions citoyennes n’y 
vivent que parce qu’elles n’ont pas accès à un hébergement ou un 
logement social. Cependant nous n’oublions pas que certaines personnes 
souhaitent vivre dans des habitations alternatives, qu’elles considèrent 
plus émancipatrices. Nous soutenons leurs droits à y accéder. Nous 
respectons et défendons le droit de toutes et tous à avoir accès à des 
solutions adaptées et qui correspondent à leurs besoins.
Pas de réquisitions citoyennes de biens appartenant à des petits 
propriétaires ou des SCI familiales : comme le prouvent les réquisitions 
du collectif DAL Toulouse- Collectif SDF 31- GPS, nous privilégions les 
bâtiments de biens appartenant à des bailleurs sociaux ou des grands 
propriétaires, à défaut de bâtiments de l’État à qui incombe la mise à 
l’abri des personnes.
Bien plus qu’une mise à l’abri… Nos projets participent à 
l’autonomisation des personnes à travers le droit commun et à la 
stabilisation de leurs situations par les démarches 
sociaux-administratives, la scolarisation, l’emploi, la santé… Ces lieux 
de vie reposent sur le principe de l’autogestion et permettent de sortir 
les personnes de l’isolement : ouverture sur le quartier, liens avec de 
nombreuses associations et accompagnement par des travailleurs sociaux 
militants…
Nous attendons la mise en oeuvre par l’État du droit inconditionnel à 
l’hébergement et du droit au logement opposable.
Nous proposons de travailler avec des représentants des collectivités 
locales et de l’État, avec d’autres associations et avec des bailleurs 
sociaux afin de concevoir ensemble des projets innovants et diversifiés 
qui permettront à chacun d’avoir accès à une solution adaptée.
Nous déplorons enfin la tentative de division initiée par l’inertie de 
l’État qui a pour conséquence des poursuites judiciaires intentées par 
les grosses associations gestionnaires à l’encontre des petits 
collectifs qui luttent et oeuvrent pour le même objectif : l’hébergement 
des familles, même s’il existe des divergences sur les solutions pour y 
parvenir.
Nous, le Collectif SDF/DAL/GPS demandons à ce que l’État s’engage à 
assumer les responsabilités qui lui incombent en matière d’hébergement 
et de logement, que nous soyons reçus à la table des négociations pour 
trouver des solutions et que nous puissions proposer notre projet que 
nous pensons réalisable. Dans le cas d’une fin de non recevoir, nous 
continuerons sans relâche notre lutte, nos réquisitions citoyennes 
jusqu’à ce que nous soyons entendus.
Il est donc grand temps de stopper la judiciarisation et la 
financiarisation concernant la précarité et toutes les problématiques 
qui en découlent. De retrouver du bon sens et une approche humaine dans 
le traitement de la précarité tant au niveau local que national.
Face à l’urgence, l’intolérable, l’inertie des pouvoirs publics, les 
fins de non recevoir, la répression, les expulsions, nous poursuivrons 
notre lutte jusqu’à ce nous soyons entendus et reçus.

Collectif SDF 31 /DAL Toulouse / GPS

Contacts :
Corinne 06 75 10 12 49
Thomas 06 01 79 45 72
csdf31.gps.dal@ouvaton.org

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