mardi 17 septembre 2013

Les poèmes sont en guerre : Revue poétique contre la guerre

 
 
 
Les poèmes sont en guerrecontre la guerre 





 
de Benoist Magnat
septembre 2013
revue poétique contre la guerre

Gran Fury


Demain la guerre !

Comment ajouter crimes et assassinats de la population
jusqu’à la paix entre les meurtriers

*

Les bombes tombent
les mitraillettes crépitent
les songes s’éloignent pour rejoindre le cimetière

*

Bruits de bottes dans mon corridor
c’est ma télé qui vomit de la guerre
elle en a plein les poumons

Benoist Magnat

septembre 2013

 

Ali Cherri


Gel au sol
a-t-on dit
au début des nouvelles
juste avant d'annoncer
un envol de missiles
par-dessus nos épaules
la paix je crois
ne passera pas l'hiver
déjà
dans le paquetage
la boue rouge
prépare ses discours
déjà on commémore
pour mieux recommencer
j'écris contre la guerre
et je sais que la guerre
a déjà éclaté
mais je t'écris quand même
contre toute espérance
contre tout sens commun
comme si les mots quand même
pouvaient
quelque chose
pour quelqu'un
jean loubry



Roland Lagoutte

arrêtez le massacre

arrêtez le massacre
la guerre pourquoi faire, ...,
les femmes sont si belles...
il y a encore du soleil
des rires lents
du vin
les parfums

minuit au paradis des vivants
des jambes nues qui se dressent autour de mes lèvres
des baisers d’éponges

navires assassins des bombes lancées de loin
USA grande loi des lois
qui a le droit
qui
est-ce toi
est-ce moi
la raison du plus fou est toujours la meilleure

la fuite en avant
le grain de sable
le rire des enfants

les larmes des tyrans

penser veut-il dire quelque chose
écrire des poèmes
être las
(la poésie de Patrick Aspe - tout droit réservé) 

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j’ai aimé si fort
que la libellule c’est noyée
j’ai aimé si fort que la mort s’évapore
terre des dieux sacrifiés aux ultimes remords
je ne crois pas en la prière
je crois à ton corps à l’ange torride de tes deux seins
dans ma bouche lorsqu’ils allaitent le destin
j’ai aimé si fort le front de mer les vagues vertes
les cascades claires des glaces vives
l’olivier et le pin sacrés des rives douces aux baisers oubliés
la figue éclatée et le citron luisant sous la treille
les vins des déraisons
marchons camarades dans la poussière
des violences terroristes
partisans des âmes bien nées
aux vagabonds des rochers
que flotte notre noir drapeau à l’indifférence des damnés
fuite en avant du condamné
j’aime si fort la vallée sous les pics enneigés
celle qui va de demain à l’éternité
ta cuisse chaude
ma douce fragile est langoureuse aux bruits des fureurs
la foule se masse aux portes du palais
est-ce cela la raison d’aimer…
(la poésie de Patrick Aspe - tout droit réservé) 

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un si doux matin de printemps...
L'assaut
« l'attaque est prévue en fin de matinée il y aura une préparation d'artillerie avant, 
on commence à distribuer de l'alcool aux hommes dans les tranchées de 1ere ligne, les hommes sont ivres, 
ils n'attendent pas, montent à l'assaut...c'est un carnage! Devant moi un homme au sol hurle il n'a plus de jambes ! »
Anselme Martin 

***
J’hurle la peur
j'hurle ma peur
comme le sang dans mes boyaux
l’aube pue
puanteur
l’horreur est devenue une habitude
comme nous
nous habituons aux rats
aux merdes aux asticots
aux sifflements sourds des obus
au froid
à la terreur
les guêtres de l’adjudant sont pleines de vermines
ils les portent depuis bien plus de trois mois
et moi
j’éventre avec ma baïonnette étoilée de miracles sereins
des enfants incertains
les barbelés ne me griffent plus
le pain est une illusion
le vin une passion
mais la ‘‘Peur’’
sais tu toi l’ami lointain ce qu’est la peur
d’une balle en plein front

(la poésie de Patrick Aspe - tout droit réservé)



Anonyme

La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.
Jacques Prévert, Paroles

Le déserteur
Monsieur le Président je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre
Avant mercredi soir
Monsieur le Président
je ne veux pas la faire
je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens
C’est pas pour vous fâcher
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
je m’en vais déserter

Depuis que je suis né
J’ai vu mourir mon père
J’ai vu partir mes frères
Et pleurer mes enfants
Ma mère a tant souffert
Qu’elle est dedans sa tombe
Et se moque des bombes
Et se moque des vers
Quand j’étais prisonnier
On m’a volé ma femme
On m’a volé mon âme
Et tout mon cher passé
Demain de bon matin
Je fermerai ma porte
Au nez des années mortes
J’irai sur les chemins

Je mendierai ma vie
Sur les routes de France
De Bretagne en Provence
Et je dirai aux gens
Refusez d’obéir
Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre
Refusez de partir
S’il faut donner son sang
Allez donner le vôtre
Vous êtes bon apôtre
Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que je n’aurai pas d’armes
Et qu’ils pourront tirer.

Boris Vian (1920 - 1959)

La Java des bombes atomiques
Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie question travaux pratiques
Il s’enfermait toute la journée
Au fond de son atelier pour faire ses expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transes
En nous racontant tout:
“Pour fabriquer une bombe “A”
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du détonateur
Se résout en un quart d’heure

C’est de celles qu’on écarte
En ce qui concerne la bombe “H’
C’est pas beaucoup plus vache
Mais une chose me tourmente
C’est que celles de ma fabrication
N’ont qu’un rayon d’action
De trois mètres cinquante
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement !”

Il a bossé pendant des jours
Tachant avec amour d’améliorer le modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il dévorait d’un coup sa soupe aux vermicelles
On voyait à son air féroce
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et puis un soir pendant le repas
Voilà Tonton qui soupire et qui s’écrie comme ça:

“À mesure que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche.
Soyons sérieux, disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comme de la sauce blanche

Voilà des mois et des années
Que j’essaie d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte
Que la seule chose qui compte
C’est l’endroit où elle tombe
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement

Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’état
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna
Était aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés en disant “soyez sages”
Et quand la bombe a explosé
De tous ces personnages il n’est plus rien resté

Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au tribunal on l’a traîné et devant les jurés
Le voilà qui bafouille:
“Messieurs c’est un hasard affreux
Mais je jure devant Dieu
Qu’en mon âme et conscience

En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D’avoir servi la France”
On était dans l’embarras
Alors on le condamna et puis on l’amnistia
Et le pays reconnaissant l’élut immédiatement
Chef du gouvernement.

Boris Vian

Keiichi Tanaami


Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud

Pablo Picasso détail Guernica

Au tour du feu invisible

Ce jour là,
Il faisait froid,
Un froid glacial,
Un froid à mourir,
Le soldat
ne sentait rien.

Un cri silencieux
au ralenti.
Son arme lourde,
un lourd engourdi.
Une bouche crevassée
et un goût trop sec.

Le blanc de la terre
jusqu’à l’horizon.
Une douleur sans fin
et sans raison.
Partout déchets de corps,
et du sang mélangé.

Parmi ce ravage,
En duo chantent
une cornemuse et une voix,
illuminées,
par un feu invisible.
Silhouettes d’homme
s’approchent de la musique
Comme des étincelles de feu
dans une neige gelée,

Cet instant unique
dans l’histoire du monde.
Hommes réchauffés
pour survivre une journée.
Courageuse et inspirée,
Cette harmonie des ennemis.

Chloe Douglas, 2009

 

Tanya Busse, Emilja Skarnulyte

 
Bêtise de la guerre
Ouvrière sans yeux, Pénélope imbécile,
Berceuse du chaos où le néant oscille,
Guerre, ô guerre occupée au choc des escadrons,
Toute pleine du bruit furieux des clairons,
Ô buveuse de sang, qui, farouche, flétrie,
Hideuse, entraîne l’homme en cette ivrognerie,
Nuée où le destin se déforme, où Dieu fuit,
Où flotte une clarté plus noire que la nuit,
Folle immense, de vent et de foudres armée,
A quoi sers-tu, géante, à quoi sers-tu, fumée,
Si tes écroulements reconstruisent le mal,
Si pour le bestial tu chasses l’animal,
Si tu ne sais, dans l’ombre où ton hasard se vautre,
Défaire un empereur que pour en faire un autre ?

Victor Hugo



Champs des Flandres 1915

Les cimetières 
Sous les rouges coquelicots des cimetières 
Qui parmi les rangées de croix bougent dans le vent 
Nous sommes en terre. Et dans le bleu des cieux 
Les alouettes encore lancent leur cri courageux 
Que plus personne n’entend sous le bruit des canons.
Nous sommes morts : il y a à peine quelques jours 
Nous connaissions les joies de la vie, de l’amour 
La fraicheur de l’aurore, les lueurs du ponant 
Maintenant nos corps sans vie en sol reposants
Nos mains inanimées vous tendent le flambeau 
C’est à vous, à présent, de le tenir bien haut 
De contre l’ennemi reprendre la querelle 
Si vous ne partagez des morts la foi rebelle 
Nos corps ne pourront pas dormir paisiblement 
Sous les rouges coquelicots des cimetières

John McCrae

Fred Altazin


Guerre mondiale


500.000 guêpes trempent leur dard dans l’encrier pour déclarer la guerre au monde entier et plus particulièrement aux hommes.
L’ONU au sommet de sa mue réunit son conseil de sécurité.
Elle déclare  après deux mois de palabres que les insectes n’appartiennent à aucun pays et que cette déclaration de guerre est pour le moins intempestive.
Elle mobilise les multinationales qui produisent des insecticides pour tuer tous ces indésirables qui ne répondent à aucune géographie.
Les technocrates s’activent. Les armées de tous les pays sont mobilisées, elles ajoutent à leurs missiles des gaz hilarants. C’est l’alerte rouge. On distribue aux hommes puissants des habits d’apiculteur fabriqué en Chine. Les médias sèment la terreur dans la population. « Enfermez-vous chez vous, bouchez les plus petites issues, restez à l’écoute de radio panique ». Le peuple commence à tuer tout ce qui vole à la tapette ou à la main malgré tous les appels au calme.
D’un côté des centaines de dards acérés et de l’autre des centaines de bombes nucléaires chargées d’insecticides.
Mais comment cela va-t-il se terminer ?

Benoist Magnat
avril 2013


La guerre


Le viol de ta mère
Le viol de ta sœur
Ta femme est partie en courant aux premiers coups de feu et tu ne l'as toujours pas retrouvée, depuis elle est portée disparue
Ton père arrêté, torturé, verge et couilles coupées, ongles arrachés, tête sanguinolente, mort dans une cellule.
Ton petit frère de deux ans jeté par la fenêtre
Ta mère et ta soeur emmenés après les coups dans un camp comme chair à vainqueur
Un groupe d'amis a sauté sur une mine, deux sont morts, un n'a plus de jambes, l'autre est aveugle et le dernier est sur le billard
Tes voisins morts sous les décombres de leur maison, une bombe, des cris étouffés pendant quelques heures, puis le Silence.
 A la radio, mauvaises nouvelles pour ton pays, la souffrance, les cris et la peur.

Pour toi, tu ne sais pas encore ce qui va t'arriver
Tuer ou être tué ?

Benoist Magnat
guerre des Balkans

Fred Altazin

la liste élaborée par « le Blog Saumon », qui vient confirmer une fois de plus que la guerre est une des meilleures affaires pour certains pays.

1.- Lockheed Martin (EE.UU.) : Armature missiles, électronique et de l'espace aérien. Ventes par 36.270 million dollars en 2011. Profits nets : 2.655 millions de dollars. 123.000 employés.
2.- Boeing (EE.UU.) : Avions, électronique, missiles, l'espace aérien. Ventes par 31.830 millions de dollars. Profits nets de 4.018 millions de dollars. 171.700 employés.
3.- BAE Systems (Royaume-Uni) : Avions, artillerie, missiles, véhicules militaires, navires. Ventes par 29.150 millions de dollars. Profits nets par 2.349 millions de dollars. 93.500 employés.
4.- Dynamics général (EE.UU.) : Artillerie, électronique. Ventes par 23.760 millions de dollars. Profits nets de 2.526 millions de dollars, 95.100 employés.
5.- Raytheon (EE.UU.) : Missiles, électronique. Ventes par 22.470 millions de dollars. Profits nets de 1.896 millions de dollars. 71.00 employés.
6.- Northrop Grumman (EE.UU.) : Avions, électronique, missiles, navires de guerre. Ventes par 21.390 millions. Profits nets par 2.118 millions de dollars. 72.500 employés.
7.- EADS (UE) : Avions, électronique, missiles. Ventes par 16.390 millions de dollars. Profits nets par 1.442 millions de dollars. 133.120 employés.
8.- Finmeccanica (Italie) : Avions, véhicules d'artillerie, missiles. Ventes par 14.560 millions de dollars. Profits nets par 902 millions de dollars. 70.470 employés.
9.- L-3 Communications (EE.UU.) : Électronique. Ventes par 12.520 millions de dollars. Profits nets par 956 millions de dollars. 61.000 employés.
10.- United Technologies (EE.UU.) : Aéronefs, électronique, moteurs. Ventes par 11.640 millions de dollars. Profits nets par 5.347 millions de dollars. 199.900 employés.

Au total : Selon les données compilées par l'Institut de Recherche de la Paix de Stockholm dans leur annuaire de 2013, les ventes mondiales d'armes et les services militaires des cent plus grandes entreprises d'équipement de guerre en 2011 ont atteint les 465.770 millions de dollars, face aux 411.000 millionsatteints une année précédente.

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