lundi 17 juin 2013

Des nouvelles de Grèce......15 juin, 18 juin

15 juin 2013 c'est à la fois énorme et grandiose, au bord du gouffre, ou sur un chemin qui mène droit à un monde nettement meilleur, mais les MaT (les CRS grecs) veillent, et d'autres, nombreux, avec eux. Enfin, ce soir, on sera optimistes. Samaras ne sait plus comment se sortir de ce pétrin, maintenant qu'il est face à une réaction spontanée, mais qui dure, et enfle: ERT continue à émettre sur internet; les radios émettent également, et appellent le peuple à venir soutenir le mouvement - et, par la même occasion, à participer à des assemblées populaires et à se régaler de spectacles divers...- en rejoignant les bâtiments d'ERT, à Athènes comme en province. Hier, les musiciens de l'orchestre symphonique d'ERT, licenciés eux aussi, au lieu du concert programmé au théâtre d'Hérode Atticus (annulé... puisque leur orchestre n'existe plus!) ont joué, en studio, à l'intérieur du bâtiment principal, et leur concert fut diffusé sur un écran géant, pour la foule rassemblée à l'extérieur, comme sur les ondes. C'était impressionnant. Tu a peut-être vu la photo de cette seconde violoniste, qui retient tant bien que mal ses larmes, mais continue à jouer.. Ce soir, après une discussion en assemblée libre sur les médias et la démocratie, se tient un concert avec de grands artistes qui présentent 'Axion Esti", un chef d'oeuvre à valeur symbolique très forte pour les grecs, de Mikis Théodorakis. Demain, : - activités créatives pour les enfants, sur le parvis d''ERT, bazar d'échanges, et aussi la présence de 30 cuisines populaires (initiatives qui avaient essaimé un peu partout, surtout dans les grandes villes, lors du mouvement des indignés en 2011) qui offriront à manger à tous ceux qui seront présents. Re-concert, re-assemblées libres... Ceci, à Athènes, mais aussi en province, avec des concerts improvisés et d'autres happenings. Samaras ne s'attendait sûrement pas à une telle vague en réponse à son coup d'état contre ERT. Et ses arguments, selon lesquels la télé-radio publique coûtait trop cher (en fait, pas un centime: elle rapportait même un peu à l'état, et ne fonctionnait que sur fonds propres et redevance, de 4,25 euros par mois!), était un nid de corruption (faut dire que tous les Samaras se faisaient un devoir d'y placer les leurs...et pas aux postes, mal payés généralement, de simples journalistes ou techniciens!), etc... apparaissent de moins en moins convaincants. Les représentants des deux autres partis au gouvernement n'ont pas signé le décret, et dénoncent aujourd'hui un "problème de légitimité démocratique". L'Aube Dorée récupère comme elle peut, en disant quand même qu'elle est plutôt d'accord, mais qu'il faut arrêter d'en faire tout un foin (faut dire aussi, ça lui sied bien, ce noir tombé sur les écrans...). Le Syriza réclame des élections. C'est probablement ce qui va se passer (à moins qu'un autre renversement ne vienne contrecarrer ces projets-là), on entend parler du 14 juillet. Les chaînes privées sont théoriquement en grève jusqu'à lundi (date de discussion de la nouvelle proposition du gouvernement), mais comme des vautours, se sont déjà jetées sur le cadavre (SKAï a repris les droits de retransmission d'un match de basket, normalement pour ERT, le lendemain de la fermeture de cette dernière, et ça n'est qu'un début). Les sites qui retransmettent le programme télé "de grève" sont très, très nombreux. Heureusement, parce que les fréquences sur lesquelles ERT "en grève" émettait (grâce à l'EBU) ont été déconnectées cet après-midi, après trois jours et demi de fonctionnement non stop. Demain sort un journal "l'opinion insoumise", en solidarité avec ERT et ses personnels, qui sera distribué gratuitement à 60000 exemplaires, tout d'abord sur les lieux de rassemblements (devant les bureaux d'ERT), et tous ces médias alternatifs ou simplement solidaires qui retransmettent ERT appellent à boycotter les journaux "casseurs de grève" qui continuent à paraître. Voilà... je suis crevée, c'est intense, plein d'espoir, et de crainte aussi.

Marie-Laure V. Traductions grec-anglais-français
Aighion
Tel/Fax: 00 30 26910 24157 Mob: 00 30 697 33 600 20


De Marie-Laure V
 
 
18 Juin
c'est un foutoir sans nom, cette affaire de décision du Conseil d'Etat: ERT, qui n'existe plus (puisqu"elle a été dissoute par décret ministériel, non révocable en l'état de la situation, doit (selon le CE) émettre sur ses fréquences, des programmes normaux, jusqu'à constitution du nouvel organe. Sauf que les personnels sont désormais licenciés, et à supposer qu'on prolonge leurs contrats pour faire fonctionner le contenu d'ERT sous une autre identité légale, j'imagine mal qu'ils acceptent de travailler comme ça, maintenant: ils pourront exiger d'avoir les fréquences, et continuer à émettre un programme "de grève", auquel cas le gouvernement sera obligé de mettre un point final encore plus démocratique que le premier. Ou refuser de travailler: le gvt pourrait les mobiliser, aussi, comme il l'a fait avec les profs!
Petit détail croustillant: pour fonctionner, cet organe transitoire, dépendant directement de l'Etat (désigné comme le successeur d'ERT, pour ses obligations légales aussi), doit être géré par des administrateurs temporaires, deux ministres: celui de l'Economie et du Budget (Stournaras) et ... Kedikoglou (le con qui a fait l'annonce de la fermeture, "enfant" d'ERT, passé à la télé-berlusconienne du privé, et maintenant porte-parole du gvt).
Les 3 partis au gouvernement font tout pour éviter les élections (Merkel et cie apprécieraient modérément ce scénario-là, avec en plus le risque que la gauche gagne, cette fois-ci), mais les tensions montent, parce qu'il faut bien que Pasok et "Gauche Démocratique" se démarquent, surtout si, en fin de compte, il y a des élections.
Le bordel, je te dis...

Ca peut aller partout, et n'importe où: élections (le rassemblement du Syriza était impressionnant, hier soir, à Syndagma, mais ça peut aussi conduire à l'anéantissement de Pasok et Gauche Démocratique et une re-Nouvelle Démocratie -que de démocratie, dans tout ça!!!- qui, pour gouverner, aurait besoin... des néo-nazis), blocage du processus et durcissement (parce que la Troïka va s'en re-mêler, bien sûr) entre gvt et licenciés, entre gvt et foule indignée...

Il faut qu'on tienne. Mais çà n'est pas joué d'avance...

bises pour le moment, à très bientôt
ml
Marie-Laure V
Traductions grec-anglais-français
Aighion
Tel/Fax: 00 30 26910 24157
Mob: 00 30 697 33 600 20

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire